— Lettre de Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ, à Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien
« L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), comme toutes les autres associations de créateurs et d’artistes du Québec et du reste du Canada, attendait avec impatience l’annonce de votre nouvelle politique culturelle. Malheureusement, force nous est de constater que cette politique, Canada créatif, annoncée le 28 septembre, est une stratégie d’évitement.
Pourquoi la caractériser ainsi? Parce qu’en ce qui concerne la révision tant attendue de la Loi du droit d’auteur, rien de tangible n’a été annoncé. La nouvelle politique se contente d’énoncer que “les parlementaires établiront sa portée et le processus à suivre”, ce qui signifie que le Parlement décidera des modifications, vous évitant ainsi d’avoir à vous prononcer sur cette révision.
[…] L’une des rares mesures touchant le livre dans votre politique prévoit que le Fonds du livre du Canada sera modernisé : “Le programme appuiera des approches novatrices de mise en marché et de promotion des livres canadiens et favorisera une plus grande collaboration à l’échelle de l’industrie. Le programme contribuera aussi au développement de contenu canadien destiné aux plateformes d’apprentissage en ligne. Ainsi, les livres d’auteurs canadiens seront mis à la disposition de tous les étudiants au pays.”Plusieurs questions restent cependant sans réponse. […]
Nous sommes d’autant plus inquiets de cette absence d’encadrement dans votre politique culturelle que sa pièce centrale, l’entente que votre gouvernement a négociée avec la plateforme Netflix, ne définit ni l’investissement auquel Netflix s’est engagé, ni la part qui sera attribuée à la production d’émissions en langue française. Encore une fois, vous semblez privilégier davantage une stratégie d’évitement que la mise en place d’une équité fiscale. Comme le soulignait avec justesse le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Luc Fortin : “Comment peut-on abdiquer sur cette question-là lorsqu’on sait justement toute la précarité de notre identité dans cet univers numérique?” Nous croyons qu’une politique culturelle ne peut être définie sur la seule base d’un “arrangement” avec une compagnie étrangère. » Lire le texte intégral